"I'm a STAR!!...and I'm dreaming..."

Dernière vérification, le micro était bien branché. Ma main se resserra autour de la rampe des escaliers menant à la scène.
La scène. Le murmure de la foule enflait encore et toujours. j'avais l'impression d'entendre le souffle de tout ces gens rassemblés là. De voir leur yeux pétillant d'excitation et de sentir leur énergie monter jusqu'à moi. Et dire qu'ils étaient là pour ça, pour moi! Mon coeur vibrait dans ma poitrine sous l'afflue d'adrénaline. Je me mis a sautiller sur place pour évacuer le stress, le temps de trente secondes. Les yeux fermés, je respirais profondément.
T'es le meilleur, tu vas tout déchirer... Tu vas y arriver!

Toutes les lumières s'éteignirent, ma main se serra un peu plus. C'était à moi! Le technicien me fit un signe et je m'élançais sur la scène, profitant de l'obscurité pour m'installer à la batterie. La salle de concert baignait dans une obscurité totale. Le public retenait son souffle, guettait le moindre mouvement. La tension était palpable. C'était une sensation nouvelle, électrique, grisante! Sans rien voir, je pouvais sentir l'énergie du public monter jusqu'à moi, se répandre dans mon corps pour aller jusque dans mes baguettes! J'étais la star, j'ouvrais le concert, toutes mes admiratrices comptaient sur moi. J'étais un véritable prodige de la batterie, mes rythmes endiablés pouvaient faire bouger n'importe qui. Je comptais bien devenir une légende! Mais avant cela, je devais assuré sur cette scène. Bien sur j'en verrai surement des centaines, des milliers d'autres ! Mais c'était la première, la plus importante, celle qui allait changer ma vie!
Une voix Off lança le décompte:
5....4....3...2...1 !!

Flash! Un immense projecteur se braqua sur moi, déversant toute sa lumière sur le centre de la scène où j'étais déjà parti dans un solo absolument démoniaque pour lancer le morceau. Les guitaristes et le bassistes firent leur apparition. La salle explosa!
C'était des cris, des chants à l'unisson, des bras levés! La foule en délire rebondissait au rythme de la musique. Une énergie débordante, époustouflante vint me cueillir et me rebooster. A fond sur ma batterie, mon coeur ou non plutôt mon corps tout entier vibrait. Il criait la musique et déversait toute la passion que j'avais en moi ! Le concert venait de commencer et c'était déjà démentiel ! Toutes ses sensations, ces énergies, cette force violente et brute. Moi qui avait peur de ne pouvoir assurer tout le concert, je me sentais alors porté par un souffle nouveau! Comme soulevé par cette foule, j'étais devenu leur idole, leur star, un véritable modèle pour les garçons et une source d'admiration et de désir pour les filles! Je me sentais roi du monde!

Je battais la mesur du pied et mon coeur s'était calé sur la basse lorsque quelqu'un me retira mon casque des oreilles. C'était en début d'après-midi, le cours d'histoire avait était annulé et je voulais profiter du beau temps. J'étais assis contre un arbre dans les jardins de Iesfira, en plein rêve Rock'n'Roll complètement dément, à écouter ma musique lorsqu'un intrus avait brisé cette gloire fragile et déjà éphémère:

-Eh! Mon casque!-

Sans même prendre la peine de regarder à qui j'avais à faire, c'est la seule chose que j'eu trouver à dire, frustré d'avoir quitté la scène et les centaines de fans hystériques.

« Eh ! Mon casque ! »

Mh ? Mon regard se tourna vers cette phrase qui avait attiré mon attention. Je posais mon livre dans mon sac. Je me relevais. Il y avait deux élèves un peu plus loin. Ennuyant. Je pris mon sac dans ma main droite, et m’avança vers les deux. L’un avait des pensées qui ne me plaisaient pas du tout. Il fanfaronnait, se voulait supérieur, insupportable, il faisait le fier parce qu’il avait pris le casque de l’autre. Ce genre de gamins m’insupportait. Menaçant, je toisais le plus jeune des deux, qui était debout. Il était dos à moi, mais l’aura que je dégageais le fit se retourner. Je l’attrapais par le col et le regardais.

« A ta place, j’apprendrais à courir vite. Tu parles trop fort. »

Je le lâchais, et il partit sans demander son reste. Le casque qu’il avait pris retomba sur son légitime propriétaire, que je regardais d’un peu plus près. Il avait les cheveux blonds, le regard à moitié endormi, mais malgré tout… il avait quelque chose, un je-ne-sais-trop-quoi qui m’intéressait, et qui attisait ma légendaire curiosité. Je m’accroupis, et posais le regard sur son uniforme.

« Oh. Un Impe’. »

Je posais mes bras croisés sur mes genoux, mes fesses se rapprochant de mes talons. J’étais parfaitement en équilibre. Moi, je n’avais pas d’uniforme. Je n’avais pas vraiment apprécié ces uniformes toutes neuves qu’on nous forçait à mettre. Je laissais ça juste aux élèves. Non, moi je portais ce jour-ci un pantalon marron-gris un peu terne, un débardeur blanc et une veste de la même couleur que le pantalon, mais ouverte. J’avais laissé mon couvre-chef dans mon sac, mais mes lunettes trônaient, suspendues à mon cou. J’avais quelques livraisons à faire ce jour, il allait bien falloir que je parte tôt ou tard avec ma moto.

« Tu t’appelles ? »

Je me concentrais alors uniquement sur ses pensées, afin d’en capter toutes les parcelles. J’avais hâte de savoir ce qu’il pensait de moi, ce qu’il allait bien pouvoir se dire… Serait-il intéressant ? Ou alors, peut-être qu’il serait tout simplement aussi banal que les autres, et qu’il allait avoir des pensées idiotes. Alors il perdrait tout son intérêt. Il pouvait aussi avoir un regard un peu plus perçant et… Oh, voilà. Là, il était vraiment…
Mignon.

Un sourire se dessina sur mes lèvres. J’avais ma nouvelle victime.

C'était un Insi' ! Saleté! Je n'ai rien contre les autres classes, en revanche je n'apprécie pas vraiment lorsque les autres ont quelque chose contre moi. Cependant, je n'eu pas besoin de faire quoique ce soit. Quelqu'un arriva derrière l'Insi et l'envoya balader!
Je l'aime déjà celui-là !
Je ne voyais pas grand chose, le soleil m'éblouissait. Mais lorsque mon bienfaiteur se mit accroupi devant moi, je pu l'observer de plus près. J'apercevais une cicatrice sur sa joue que ses cheveux cachaient à peine, mais ce n'étais pas cela qui m'intriguait le plus. Non. C'était une sorte de lueur dans son regard qui attisait ma curiosité.

En réfléchissant un peu plus, je me souvins de deux, trois histoires sur un employé de Iesfira. C'était peut-être lui. Du moins, il ressemblait à la description que l'on m'avait faite. Je ne l'avais jamais vu depuis mon arrivé, assez étrange mais pas impossible, cette école est tellement grande après tout! Enfin bref, tout ça pour dire que les élèves avaient brodé comme une sorte de légende autour de ce personnage, les spéculations autour de son pouvoir étaient nombreuses. Certains disaient même qu'il était là depuis toujours. C'était idiot, il n'avait vraiment pas l'air d'un vieux de plusieurs centaines d'années. Je préférais éloigner toutes ces histoires de mes pensées et m'intéresser plutôt à la personne.
Après tout, c'était un humain, pas vrai?

-Oh. Un Impe'.
Tu t'appelles?-

-Je... Arthur. Je m'appelle Arthur.-

Un sourire se dessina sur les lèvres de mon interlocuteur. Je me demandais à quoi il pouvait bien penser. Je me demandais qui il était. Ma curiosité grandissait encore un peu plus. Il avait l'air assez solitaire, ça cicatrice m'intrigua malgré tout, il avait peut-être vécu des choses difficiles. À ces mots, des images de ma mère me revinrent en tête!
C'est pas vrai! Mais laissez moi tranquille!
J'aurais voulu les effacer pour toujours, elles me harcelaient sans cesse. Je tentais de les faire passer au second plan en me concentrant sur la personnage que j'avais en face de moi.

-Merci pour tout à l'heure. C'est vraiment... Merci.-

Je me levais en mettant mon casque autour de mon coup. Une part de moi voulait bouger, quitté ce lieu pour en trouver un autre. Mais en même temps je voulais en savoir plus. Pour une raison inconnue, cette personne m'intriguait sérieusement. Je le regardais dans les yeux, comme pour en deviner plus sur lui.
Les yeux sont les fenêtres sur l'âme, n'est-ce pas ce que l'on dit? Oui, mais celles-ci paraissaient fermées à double tour et c'est bien cela qui m'intéressais autant. J'avais pour habitude de savoir à quoi m'attendre avec les gens que je rencontrais, je les cernais plus ou moins. Là, que dalle.
Beaucoup de questions se bousculaient dans ma tête, je ne voulais pas les poser. Personne n'aime subir un interrogatoire. Surtout que ce n'étais pas comme ça que je voulais le connaître. Nan, trop facile.
Je lui souris et voulu lui serrer la main, pour le remercier. Je me ravisais et demandais simplement:

-Tu fais de la moto?-

Pourquoi cette question? j'avais vu les lunettes autour de son cou. Simplement. J'avais toujours rêvé de faire de la moto.

« Je... Arthur. Je m'appelle Arthur. »

Il se posait des questions, sur ma cicatrice, sur qui j’étais, un peu comme tout le monde. Il pensa que j’avais vécu des choses difficiles, je regardais son visage, ses épaules, ses mains… Il pensait à sa mère. Cela semblait lui faire du mal.

« Merci pour tout à l’heure, c’est vraiment… merci. »

Je secouais la tête. La seule chose que j’avais fait était de faire fuir un gamin sans une once de courage et qui me tapait sur le système. Pas de quoi me remercier comme si je l’avais sauvé d’une bête sauvage qui s’en prenait à lui. Il se leva, je me levais aussi. Il regardait dans mes yeux. Les yeux sont les fenêtres de l’âme. C’était n’importe quoi. Mais ce qui m’intéressait était qu’il s’intéressait à moi. Il n’arrivait pas à savoir à quoi s’attendre, et ça m’amusait.

« Tu fais de la moto ? »

Il regardait les lunettes autour de mon cou. Je regardais ses yeux moi aussi. C’était beau. J’aimais bien les reflets que j’y voyais. Je souris.

« Appelle-moi Alexander. Oui, je fais de la moto. Tu veux la voir ? »

Seuls dans le garage, il serait plus simple pour moi de me concentrer sur ses pensées, et puis j’avais envie de faire plus ample connaissance avec lui. Je lui tendais la main pour le mener au garage. Il voulait en savoir plus sur moi, il aimait la moto, alors il allait très sûrement venir. J’étais juste un peu solitaire. Voilà pourquoi toutes ces rumeurs les plus folles courraient sur moi et sur mon utilité dans cet établissement. Personne n’avait jamais vraiment su quel était mon Don. Cela m’amusait bien, surtout d’écouter les suppositions que chacun faisait… Je m’étirais.

« Si tu veux je t’emmène faire un tour. J’ai des livraisons à faire. »

Il ne fallait pas non plus que j’en fasse trop, sinon il allait deviner. Dans une bataille, il n’y a qu’un avantage stratégique que l’on peut avoir : savoir ce que veut l’adversaire. En manipulation, on peut soit lui donner ce qu’il veut et avoir son amitié, ou sa confiance, sinon, on peut toujours lui montrer que l’on a ce qu’il désire et l’avoir ainsi à sa botte. Mais là, je voulais juste être un peu avec lui, attendre d’en savoir plus, coucher avec lui, faire comme si je l’aimais, et cela me ferais une occupation. Parce que ce monde est trop ennuyant, et qu’il ne mérite rien d’autre.

-Appelle-moi Alexander. Oui, je fais de la moto. Tu veux la voir ?-

Il me tendait la main, il m'invitait à voir sa moto. Bien sur que j'en avais envie, jamais je n'aurais parlé de moto sinon. Bien que mon père n'est jamais pris la peine de m'en parler, il avait une collection de motos miniatures dans son bureau, j'avais largement eu le temps de les regarder, de les observer, pendant son absence. Elles m'avaient vraiment intéressées, jusqu'à ce que l'homme qui me restait comme seul parent m'en parle reprenant soudainement son rôle, surement pour se donner bonne conscience. J'avais alors feins l'indifférence et plutôt que d'insister il était retourné devant son ordi sans chercher à faire mieux.
Bref, j'acceptais avec plaisir d'un hochement de tête et d'un sourire!

-Si tu veux je t’emmène faire un tour. J’ai des livraisons à faire.-
-Plutôt deux fois qu'une!-

Je répondais avec l'enthousiasme d'un gamin de huit ans! J'allais pouvoir en apprendre plus sur lui et échapper a ce jour sans relief pendant quelques instants. La tournure que prenait cette journée me fit sourire de plus belle, je le suivait heureux et curieux d'en savoir plus. Le mot livraison me revint donc à l'esprit et sans me poser de questions je lui demandais:

-Tu es comme une sorte de...facteur, dans l'école?-

Après tout, quelqu'un devait bien se charger du courrier que recevait les élèves. J'avais demandé à Martine de ne pas m'écrire, mais je voyais beaucoup de mes amis recevoir des lettres assez régulièrement et elles ne pouvaient pas tomber du ciel ni être livré par des hiboux. Mais après tout peu importe ce qu'il faisait, pour l'instant tout se passait bien alors pourquoi se poser trop de questions quand de toute façon les réponses risquent d'arriver d'elles même? C'est un peu comme vouloir connaître la fin du film avant même d'avoir vu le début, ça n'avait rien de séduisant.
Alexander. Je savais déjà qu'il s'appelait Alexander et ça me suffisais, enfin... c'est ce que je me disais pour faire taire ma curiosité.

On se dirigeait vers ce qui devait être le garage, plus on avançait, moins il y avait de monde. Certains coins de l'école était vraiment désert et il vrai que même moi je ne connaissais pas cet endroit. Pourtant, je m'étais perdu maintes fois et avais eu l'occasion de découvrir des recoins de l'école que jamais je n'aurais soupçonné.
Ce lieu était sombre, un peu humide. Il me donnait froid dans le dos, c'était idiot, c'était juste un garage. Instinctivement je me rapprochais cependant un peu plus d'Alexander, il avait quelque chose de rassurant. Il avait l'air sur de lui, sans failles, du moins elles n'étaient pas apparentes. Il était plus grand que moi, les épaules plus larges, la démarche plus sur. Il devait avoir la vingtaine, ou dans ces environs. J'aurais pu être intimidé mais curieusement il n'en était rien. J'avançais sans rien dire, j'étais bien.

-Dis, je peux t'appeler Alex?-


[Hrp: Désolé pour le manque d'inspiration, je me rattraperais la prochaine fois '^']