Depuis sa naissance il a toujours été très éveillé, une sorte d'hyperactivité uniquement stimulé par l'idée d'en apprendre plus. Une fois scolarisé, il est apparu rapidement qu'il était un garçon très intelligent, attentif. Aucun problème de concentration, jamais de problème pour apprendre ses leçons, pas davantage pour restitué ses cours lorsqu'il venait à être contrôlé. Très à l'aise à l'oral, sa voix était claire et maîtrisé, son regard calme posé sur la classe, le corps immobile mais pas rigide. En somme il semblait fait pour les études.
Mais les années passant et même s'il garde toujours cette innocente soif de connaissance, il ne supporte plus l'école. Ces bâtiments s'apparente pour lui à un instrument de torture, pas parce que les cours sont difficiles, ou que les profs sont durs... non. L'école est lentement devenue un enfer, le jour où on lui a fait sauter une classe. Ses camardes ne supportaient pas qu'il soit le meilleur alors qu'il était plus jeune, rapidement ils s'étaient détournés de lui pour le laisser seul, puis était venue les moqueries stupides sur le fait qu'il avait un cerveau parfait, un cerveau de robot ou de monstre. Et puis il s'ennuyait tellement en cours, tous lui semblait si facile et il n'avait personne avec qui jouer, avec qui se distraire.
Alors aussi lentement que l'école était devenue un lieu maudit, un sentiment d'injustice grandissait en lui. Mais il ne l'exprimait jamais, pourquoi l'aurait-il fait, ça n'aurait pas changé les fait : Il serait toujours plus intelligent qu'eux, les cours seraient toujours aussi ennuyeux, ils continueraient de l'exclure. S'il s'était plain, ils auraient sûrement utilisé ses propres paroles pour le blesser un peu plus.
Il était devenu nonchalant, dessinant sur ses cahier d'écoles : des petits robots, des constructions lego, des petites voitures, des avions, des bateaux, des peluches... tout ce qui pouvait l'amuser, le distraire un peu. Il n'écoutait plus les professeurs, restait impassible devant leurs reproches, écopait de punition sans broncher. Des punitions qui ne changeaient pas son comportement pour autant, et malgré tout ça, il continuait d'être le meilleur élève.
Certains soirs, dans la chambre qu'ils partageaient avec ces frères, il se mettait à hurler et à jeter sur le sol tout ce qui lui passait sous ses mains, il frappait dans les murs avec ses poings, ses pieds ; Et finalement quand il était trop épuisé pour continuer il se laissait pleurer sur son lit, de tristesse, de rage, de frustration. Ensuite, il redevenait calme, impassible. Un gentil garçon, serviable si vous aviez besoin d'aide, à l'écoute si vous vouliez vous confier à lui.
Mais personne ne voulait avoir à faire à lui, alors à 14 ans il était devenu assez aigri, il s'isolait de lui-même pour lire tous et n'importe quoi ou pour aller jouer avec ses jouets d'enfant qu'il n'avait jamais jeté (notamment un petit train et son chemin de fer et plusieurs petits robots, ect...). Il fumait occasionnellement, et pratiquait la course à pied uniquement parce que c'était quelque chose dans lequel il n'excellait pas et il trouvait ça vraiment reposant.
Son arrivée à Iesfira l'a assez déstabilisé, comme il ne parvenait pas à s'imaginer qu'il puisse y avoir des personnes ayant des dons aussi singuliers. L'ambiance aussi n'était pas la même que celle qu'il avait toujours connu dans les établissements scolaire qu'il avait fréquenté. Savoir que sa capacité à engranger les connaissances était en réalité un don avait quelque chose de rassurant et même s'il était toujours un peu à l'écart des autres - plus par habitude que par mise à l'écart - il se sentait d'avantage à sa place ici. Il ne se souciait plus de paraître étrange en récitant par coeur une pièce de théâtre qu'il n'aurait lu qu'une seule fois, etc...
La famille Mac Anrai est une famille modeste, modeste et nombreuse. La mère, Seena est une femme de ménage méritante, qui s'épuisait entre le travail et sept enfants. Cinq garçons - Aedan, Mikhail, Teag, Ulrick, Murtagh - et deux filles - Orla et Micha - dont aucun n'était majeur. Le père, Tomas, lui travaillait dans le bâtiment en tant qu'ouvrier, jusqu'à ce qu'on lui diagnostique une asbestoses - un problème dû à l'amiante, il avait à présent de grave problème respiratoire qui le fatiguait énormément et qui l'avait obligé à quitter son travail et l'amenait parfois à faire des visites à l'hôpital. Le seul revenu stable était donc celui de sa femme.
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La journée d'école venait de finir pour Mikhail, comme souvent ses derniers temps il était pris d'un mal de tête, qui - il le savait - s'il ne partait pas et qu'il n'arrivait pas à le calmer finirait par le laisser gémissant et incapable du moindre mouvement pendant plusieurs heures et espérant pouvoir s'endormir pour ne plus subir ce calvaire, ou du moins ne pas en avoir conscience. Il rejoignit son frère Aedan - de deux ans son ainé - qui l'attendait devant les grilles de l'établissement ils partirent en direction de l'école maternelle. C'était un rituel bien établie en eux, une fois que les cours était fini il devait rejoindre son frère, et ensuite ils partaient chercher le reste de leurs fratrie dans leurs établissements respectif. Soit Teag, Ulrich et Orla, qui était respectivement en 3ième, 2ième et 1er section de maternelle.
« - T'as mal ou ? » Lui demanda Aedan qui voyait bien le visage crispé de son jeune frère.
« - On dit : ''Est-ce que tu souffre ?'' Ou bien : ''As-tu mal quelque part''. Fait un effort pour parler correctement, tu dois donner l'exemple à nos frères et soeurs. » Mikhail était toujours un peu trop susceptible lorsqu'il souffrait de ses mots de tête. Il ne supportait pas d'entendre des incorrections grammaticales, ou d'écouter les gens discuter sur des choses qu'ils ne comprenaient même pas et donc commettre des erreurs d'une stupidité affligeante, toujours d'après lui.
« - Si tu veux, mais tu n'as pas répondu. »« - Ma tête. » fit-il dans un soupir.
Il abaissa doucement le bonnet sur ses oreilles et resserra doucement son écharpe autour de son cou. La température à Dublin n'était pas toujours des plus douces, mais c'était pire lorsqu'il avait ces mal de tête. Même les médicaments ou remède de grand-mère n'arrangeait rien. La seule chose qui semblait marcher - et pas assez souvent pour être considéré comme une réussite - était de se détendre sans bruit/sans lumière et de se vider l'esprit.
Finalement ils arrivèrent en vue de l'établissement et pénétrèrent dans le bâtiment. La directrice avait des consignes claires, elle attendait les deux jeunes garçons, vérifiait que tous était en ordre avec les enfants et surveillait leurs départs jusqu'au coin de la rue. Ça pouvait sembler totalement irresponsable de laisser des enfants si jeune rentrer seul, mais les revenus n'étaient pas suffisantes pour engager une nourrice ou baby-sitter ou payer une étude, qui n'était pas proposé aux plus jeunes. Et puis leurs appartements était à moins d'une dizaine de minutes à pied, les risques étaient donc moindre. La directrice les accueillit avec un sourire tendre.
« - la journée de vos frères et votre soeur s'est bien passé. Orla semble parvenir à se concentrer plus longtemps et Ulrich a fait un beau collier de nouille pour votre mère. » Elle s'adressait plus volontiers à Mikhail, car malgré qu'il soit plus jeune il semblait plus concerner par le compte rendu de la journée des plus jeunes de la famille. Aedan lui trépignait un peu sur place et aidait ses frères à mettre rapidement leurs manteaux. Mikhail étant obligé de repasser derrière lui pour replacer correctement les vêtements afin qu'il n'attrape pas froid.
Prenant la main de ça jeune soeur en lui offrant ses félicitations pour ses progrès, il remercia la directrice et ils prirent tous le chemin de la maison. Sa main libre venait régulièrement frotter sa tempe, espérant calmer un peu son mal de tête. Il écoutait avec attention sa petite soeur lui raconter plus en détail sa journée, et rappelait souvent à l'ordre ses autres frères qui avaient tendance à vouloir courir sans faire attention à l'endroit où ils mettaient les pieds ou dans quoi ils allaient.
Une fois rentrée, Aedan l'abandonnait avec ses frères et sa soeur pour prendre son goûté et faire ses devoirs. Puisque son père était cloué au lit avec une machine l'aidant à respirer, il devait s'occuper de les aider à se dévêtir, se laver les mains, les installer à table pendant qu'il préparait leurs goûtés. Après il devait veiller à leur trouver une activité pas trop bruyante pour qu'il puisse faire ses propres devoir. Sa mère arrivait plus tard avec les jumeaux Murthag et Micha, et il l'aidait à leur faire prendre leurs bains et à leur donner à manger. Ensuite il avait leurs propre repas et un passage à la douche où il veillait à ce que les plus jeunes brossent leurs dents avant d'aller se coucher.
Mais ça ne serait visiblement pas ce qui se passerait ce soir là. Après que les trois plus jeunes aient rejoint le salon pour regarder un quelconque programme TV, il était parti dans la chambre pour fermer ses volets et s'étendre sur le lit. La douleur lui vrillait les tempes et il ne parvenait pas à faire abstraction de celle-ci, tant et si bien que des larmes coulaient de ses yeux qu'il fermait très fort, priant encore et encore pour que la douleur cesse qu'elle disparaisse.
Il rouvrit les yeux brusquement en sentant une main fraiche sur son front. Il ne pouvait pas reconnaître la personne qui s'était agenouillé en face de lui et le regardait avec douceur et tristesse. Chuchotant la femme lui expliqua.
« - Tu possèdes un don, un don merveilleux. » caressant doucement son visage et apaisant légèrement la douleur, elle continua.
« Mais tu es trop jeune pour le maîtriser, c'est pourquoi tu souffres maintenant. Mais je t'ai apporté un cadeau, il va t'aider. » Alliant le geste à la parole elle lui présenta un simple bracelet, il semblait être en argent, mais il n'aurait pas pus le jurer. Elle lui enfila ce dernier et lui embrassa le front, ses yeux se fermant automatiquement.
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Après cette soirée si particulière ses maux de tête avaient cessé. Parfois il se demandait s'il n'avait pas rêvé, mais la présence du bracelet prouvait bien que non. Mais personne n'avait jamais parlé d'une femme venant chez eux, et lui n'avait pas abordé le sujet. Peut-être que Aedan si irresponsable avait laissé une inconnue rentrer chez eux alors que leur père ne pouvait pas se déplacer, que leur mère n'était pas là et que lui n'était très certainement pas en état ou peut-être que c'était sa mère qui avait fait appel à cette femme étrange. Il ne savait pas et ne voulais pas vraiment savoir.
Parce que si les maux de tête avaient cessé, ses ennuis avaient commencé. Son directeur lui avait fait sauter une classe, comme il semblait plus concentré encore sur ses cours. Évidemment puisqu'aucun maux de tête ne venait le distraire. Dans cette nouvelle classe personne ne l'appréciait et doucement il était tombé dans une routine qui était loin de le satisfaire. Remplacer ses migraines par des crises de colère le laissant autant épuisé et nauséeux.
L'indifférence il pouvait s'y faire, les moqueries beaucoup moins. Mais il devait tenir bon, il avait des frères et soeurs qui comptaient sur lui pour les devoirs, pour s'en occuper tous simplement. Alors dans ses moments de colères il s'enfermait dans leurs chambres et hurlait dans sa couette, frappait les murs, pleurait aussi, beaucoup. Mais aujourd'hui était un jour spécial. C'était le week-end et exceptionnellement sa mère ne travaillait pas. Elle était assise dans son vieux fauteuil à bascule lisant visiblement une lettre - ou un parchemin - l'apercevant du coin de l'oeil elle l'interpella.
« - Je ne suis pas sûre qu'on doivent prendre ça aux sérieux, mais... » Son regard alors qu'elle le regardait était plein d'espoir pour lui.
« C'est une école, Iesfira, elle dit que tu possèdes un don et que tu auras ta place là-bas. Elle est à Londre. » Il fronça les sourcils et récupéra la lettre et le parchemin le parcourant dans son intégralité en quelques secondes seulement. Si c'était un canular c'était vraiment bien fait et assez réaliste malgré la mention de son ''don''. Mais c'était à Londres. Il ne pouvait pas partir si loin, sa mère, sa famille avait besoin de lui. Le prix du voyage aussi serait un coût trop important pour elle. Il ne pouvait pas accepter ça, il y avait des écoles plus près et même si elle n'était pas adaptée à son cerveau ''savoirophage'' elle était assez bonne pour lui apporter un métier plus tard.
« - Je n'irais pas. C'était trop loin, trop cher. » Sans un regard il partit dans la cuisine préparer le petit déjeuner de ses frères et soeurs qui n'allaient sûrement pas tarder à ce lever. Il ne vit donc pas le regard blessé d'une mère ce rendant compte qu'elle ne pouvait pas donner le meilleur à ses enfants.
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Il avait 14 ans à présent et rougissant il se trouvait autour d'un gâteau d'anniversaire, entouré de sa famille qui entonnait la célèbre chanson. Il était un peu vieux maintenant pour ce genre de choses, du moins il pensait qu'il l'était. Mais c'était un des rares moments où il pouvait se retrouver tous en famille et partager un moment de plaisir. Alors il acceptait tous de même la chose. Après avoir mangé une part de gâteau, sa mère lui tendit une enveloppe sous les rires et les sourires en coins de ses frères et soeur. Un peu mal à l'aise il ouvrit l'enveloppe et y trouva un billet pour Londre, ainsi que la vieille lettre lui disant qu'il avait une place à Iesferia.
« - Mais,... » « - Tu le mérites, » fit elle en ébouriffant les cheveux d'Orla.
« Même tes frères et soeurs sont d'accord, ils m'ont beaucoup aidé. » « - Tu as besoin de moi à la maison, papa ne peut pas... » « - Tututu, tous mes enfants sont assez grands pour se débrouiller seul à présent. Maintenant il faut que tu penses à ton avenir à toi, et je sais que tu dois aller là-bas. Un cadeau ne se refuses pas. » Il sourit doucement et hocha simplement la tête. Il y avait bien eu quelques fois un précepteur qui était venu pour l'aider, mais il n'arrivait pas à grand-chose et s'était résigné à toujours porter l'étrange bracelet. Peut-être que maintenant il pourrait envisager de le quitter.
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Lorsqu'il avait fait ça rentrée à Iesferia, il était vraiment stressé. Passé un certain moment l'école avait vraiment été un calvaire pour lui, mais il avait la satisfaction de rentrer chez lui entouré de personne qui l'aime. Mais ici il serait seul, tout le temps. Du moins c'était ce qu'il avait pensé avant d'entrer dans la bâtisse. Après quelques semaines il s'était adapté à la vie trépidante de la bâtisse. Sa curiosité était revenue à une puissance encore insoupçonné, à la différence peut-être qu'ici il n'était pas pointé du doigt par ses étranges cerveaux. Au contraire, il trouvait même que son ''don'' semblait beaucoup trop normal parfois pour lui valoir sa place dans cet endroit mais il était heureux d'y être.
Il pouvait toujours téléphoner pour prendre des nouvelles de sa petite famille, et puis ses frères et soeurs avaient glissé dans son sac quelques uns de leurs vieux jouets qu'il affectionnait particulièrement. Ça l'avait fait sourire tendrement et lorsqu'ils lui manquaient trop, il s'amusait tranquillement avec ces derniers, revivant précisément les moments où il jouait avec eux avec ces mêmes jouets.
Il peut désormais retirer son bracelet de contrôle, mais il lui arrive encore de faire de terrible crise qui l'oblige à le remettre afin de ne pas finir à l'infirmerie à devoir se reposer pour quelques jours.